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OGM et risque alimentaire

Le principal danger lié à l'utilisation d'OGM dans notre alimentation est l'apparition de substances toxiques ou allergisantes dans les aliments dérivés d'un OGM, qu'elles résultent de l'expression directe du transgène ou de perturbation de l'expression du programme génétique de l'organisme. Dans cette optique, les parties comestibles des OGM subissent des tests dits « d'équivalence en substances » (concept défini par l'OMS et l'OCDE), qui consistent à démontrer que la composition de l'aliment transgénique est identique de celle de l'aliment traditionnel. Si elles diffèrent par la présence de la protéine produite par le transgène, cette molécule fait l'objet de tests supplémentaires, permettant de démontrer son innocuité.

Le cas de la noix du Brésil illustre bien l'intérêt du contrôle. Celle-ci est riche en albumine, indispensable à notre équilibre. Cependant, elle est aussi responsable d'allergies fréquentes. On a souhaité transférer les gènes impliqués dans la production de l'albumine dans le soja. Les tests montrèrent que l'agent responsable des allergies était l'albumine elle-même, reléguant aux oubliettes le soja transgénique enrichi en albumine.

On peut souligner que les risques d'allergie provoquée par ces nouveaux aliments sont les mêmes lorsque l'on introduit un aliment exotique dans une population qui n'y a jamais été confrontée. Par conséquent, il conviendrait de traiter le sujet du risque allergique de la même manière dans les deux cas.

Mais il reste, selon moi, un risque dont on n'entend pas parler et qui, par conséquent, pourrait ne pas être pris en compte : il s'agit de la possibilité de perturbations subtiles des interactions préexistantes au sein du génome receveur. Pour donner une idée des conséquences que ce phénomène pourrait engendrer, j'ai choisi de rappeler le cas du prion, agent responsable de la maladie de Creutzfeld-Jacob. La théorie de Stanley B. Prusiner concernant le prion, largement médiatisée par le scandale de la vache folle, faisait état d'une modification de la structure d'une protéine, présente naturellement chez les sujets sains, par interaction avec une protéine anormale. Cette analogie peut sembler délibérément alarmiste, mais ce qui m'intéresse dans ce cas, c'est la place tenue ici par une interaction directe entre une protéine présente dans l'organisme et une protéine exogène. Dans cette éventualité, il me semble que les critères définis actuellement pour l'autorisation à la consommation des produits dérivés d'OGM sont insuffisants. Etant donné la limite de nos connaissances en matière de prédiction des interactions protéiques, des tests aussi poussés que ceux requis pour les médicaments, qui s'étendent sur dix ans, seraient justifiés. Mais on comprend aisément que ces tests seraient un frein au développement des OGM à destinée alimentaire. Dès 1998, le gouvernement avait opté pour une solution intermédiaire : la création de l'Agence de Sécurité Alimentaire, organisme chargé du suivi de ces produits après leur mise sur le marché.