Faites passer, faites l'avenir !

Philippe BOURLITIO. 19 septembre 2007.

Quinconque accède à un poste à responsabilité tente de se démarquer de ses prédécesseurs. C'est vrai dans les hautes sphères de l'État plus qu'ailleurs. Est-ce un bien ? Pas pour moi. L'arrivée d'un nouveau gouvernement aura été douloureuse pour les procédures participatives que je défends concernant les enjeux des sciences et des technologies. Ainsi s'est évaporé le grand débat national sur les nanotechnologies promis par Dominique de Villepin en mai 2006 [1]. À la poubelle également le projet d'États généraux de la bioéthique annoncé par Xavier Bertrand en février dernier [2]. Pour le premier dossier, il est sans doute trop tard. Le mal est déjà fait et la grande crainte qui taraude les industriels et les politiques français de voir un rejet similaire à celui des OGM se justifie un peu plus chaque jour. En effet, les nanoproduits sont déjà sur le marché et la réglementation sanitaire leur reste inadaptée. Tout ce que récolterait aujourd'hui un politique participant à un débat public sur les nanotechnologies serait des « mais c'est la loi du fait accompli ! », « les décisions sont déjà prises », « on se moque de nous », « on nous prend pour des cobayes »... D'ailleurs, on a pu voir les prémices de cette crise en gestation à l'occasion de l'inauguration de Minatec en juin 2006 et lors du « point d'étape » sur les nanotechnologies organisé par la Cité des Sciences en mars dernier. Pour le second sujet, il reste encore une marge de manoeuvre : la révision de la loi de bioéthique est prévue pour 2009. Il est bien dommage que Mme Bachelot ne se soit pas justifiée publiquement de sa décision de l'enterrer (voir l'article du Monde du 24 août 2007).

Dans ce contexte, le chantier est énorme et j'appelle toutes les bonnes volontés à venir participer (même ponctuellement) au projet Sciences et Démocratie. Kesako ? C'est l'association que j'ai lancée fin 2005 et dont le site participatif reçoit une fréquentation grandissante. Ce n'est pas la panacée, certes, mais ce type d'initiative est nécessaire pour faire évoluer les choses. Voyez comment vous pouvez participer à ce projet en fonction de vos possibilités. Et si vous êtes allergique au web mais que l'envie d'agir vous démange, jetez un oeil sur ce que font les associations VivAgora, Fondation Sciences citoyennes et Sapience...

Et si les États généraux de la bioéthique n'avait pas besoin d'une décision politique pour exister...

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